Alia parvint à l’entrée du souk, annoncée par un escalier qu’on avait usé artificiellement dans le dessein de le faire paraître plus vieux. Tout cet endroit était une mise à jour architecturale d’un lieu lointain dans une ville évoquée mais jamais parcourue. Alia y reconnaissait les arches de Jérusalem et ce même calcaire poncé par le vent, et dont la couleur passait du blanc au rose clair quand la lumière de Mars, entrant par des puits étroits ménagés dans la maçonnerie, le touchait ici ou là. Des voûtes étroites pendaient les lampes de fer tout au bout de longues chaînes. De part et d’autre des passages, s’alignaient des réduits fermés à la vue par des panneaux de bois peints en vif, ceux que les balles et les roquettes n’avaient pas éclatés.
L’imagination du stalker travaillait au réveil du lieu. Elle tirait des auvents au-dessus des pavés et tendait des tapis sur les murs. Elle entassait des sacs d’épices et les fruits cueillis dans les grandes serres du Sud. Et les oiseaux des généticiens perchés aux pignons, jetaient leurs ombres étirées sur les colonnes où s’accrochaient encore des icônes byzantines. Alia peignait tout sans y songer, en quelques coups d’œil.
Et lorsqu’elle eut terminé, elle resta là, à se demander comment elle pouvait se souvenir de tout cela.