Me croirais-tu, Úlf, si je te racontais ?
Comprendrais-tu pourquoi je vous ai tous menés là-bas ?
Non.
J’ai vu les visages qui passent sous la glace, leurs bouches rondes de poissons, muettes d’effroi, et la solitude qui gît au fond des orbites vides.
J’ai entendu le vent racler la banquise : il chantait la nostalgie du soleil avec les voix d’en-dessous.
À travers un ciel vert j’ai suivi du regard la procession des morts, sans fin les files allongées qui sinuaient vers le nord.
Et cette lumière…
Tu la vois même à travers tes paupières closes.
Non, Úlf.
Il faudrait un fou pour saisir mes raisons.