Vers le pays sans parole

Je verserai dans ta bouche
La glèbe de ton retour,
Je ceindrai ton jeune front
Des ossements foudroyés.

Au plus pâle de ta joue,
La sorcière pressera
D’acides baies rubicondes,
Et son baiser en obole.

Du bout de leurs doigts guerriers,
Nos sœurs bleuiront les flancs
De la jument du départ
Avec les sentiers de guède.

Alors je dirai aux vents
Qu’ils sèment au loin ton nom,
Dans les rêves des devins,
Parmi les hordes errantes.

Je demanderai aux vents
Qu’ils le façonnent en dit,
Qu’ils le soufflent en fumées,
Qu’ils l’enfouissent dans l’ode.

Et lorsque je te saurai
Dans le pays sans parole,
Ma main levée répandra
Une ombre sur mon visage.



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